SIGNES SACRES

INCANTATION

Flamme dans le calice !
Père - feu. Fils - feu. Esprit - feu.
Les trois égaux. Les trois indivisibles.
Flamme et chaleur - sont leur cœur.
Le feu - leurs yeux.
Le tourbillon de la flamme - leur bouche.
Flamme de la divinité - feu.
Le feu dessèchera les forces du mal.
La flamme brûlera les forces du mal.
La flamme arrêtera les forces du mal.
Elle purifiera les forces du mal.
Arrière, flèches des démons.
Que le poison du serpent tombe sur
les forces du mal !
Aglamide, Commandeur du Serpent,
Artan, Arion ! tendez l'oreille !
Tigre, aigle, lion des immensités désertiques,
Gardez-vous des porteurs du mal !
Comme le serpent, enroulez-vous !
Que le feu vous consume;
Dissipe-toi, péris, ô mal !
Flamme dans le calice !

 
Père - le pacifique.
Fils - le pacifique.
Esprit - le pacifique.
Les trois égaux. Les trois indivisibles.
La mer bleue - est leur cœur.
Les étoiles - leurs yeux.
Le crépuscule - leur bouche.
Profondeur de la divinité - la mer.
Le mal marche sur la mer.
Même pour eux, aveugles sont les flèches des démons.
Lynx, loup, gerfaut,
Gardez les forces du mal !
Keios, Keyosavi, laissez-les entrer -
Le mal.

Connais, pierre ! Garde, pierre !
Feu, cache-toi ! Sois illuminé par le feu !
Par le rouge, le courageux;
Par le bleu, le pacifique;
Par le vert, le sage.
Connais, pierre ! Garde, pierre !
Foo, Lo, Ho, portez la pierre.
Récompense le fort.
Remercie le fidèle.
Yenno, Guyo, Dja,
Accourrez à l'aide !
1911

SIGNES SACRÉS 

Nous ne savons pas. Mais ils savent.
Les pierres savent. Même les arbres
Savent.
Et ils se souviennent.
Ils se rappellent qui a nommé les montagnes
Et les fleuves,
Qui a construit les premières
Cités.
Qui a donné les noms
Aux pays immémoriaux -
Mots de nous inconnus -
Ils sont plein de sens !
Tout est plein de réalisations.
Partout
Les héros ont passé. "Connaître" -
Est un mot doux. "Se rappeler" -
Est un mot terrible. Connaître et
Se rappeler, se rappeler et connaître
Signifient avoir foi.
 

Les vaisseaux aériens volaient.
Ils vinrent déverser un feu liquide.
Vinrent lancer
L'étincelle de vie et de mort.
Par le pouvoir de l'esprit des masses rocheuses
S'élevèrent.
Une épée merveilleuse fut forgée.
 

Les Écritures gardaient de sages secrets.
Et à nouveau tout est révélé.
Tout nouveau.
Contes de fées - légendes -
Sont devenus vie. Et nous vivons à nouveau.
Et à nouveau
Nous toucherons terre.
Le grand "Aujourd'hui" s'effacera
Demain.
Mais des signes sacrés
Apparaîtront. Puis,
Lorsque nécessaire
Ils passeront inaperçus. Qui sait ?
Mais ils créeront
La vie. Alors où sont
Les Signes Sacrés ?
1915

NOUS LES VERRONS

Nous partons à la recherche des Signes
Sacrés. Nous marchons avec attention,
En silence.
Passent des gens. Ils rient.
Ils nous appellent à les suivre.
D'autres se hâtent
Mécontents. D'autres nous menacent
Ils veulent saisir ce que nous possédons.
Les passants
Ne savent pas que nous sommes partis
A la recherche des signes sacrés.
Ceux qui nous menacent s'éloigneront,
Ils ont tant à faire. Nous, nous
Chercherons les Signes Sacrés.
 

Personne ne sait où
Le Maître a laissé Ses signes.
Ils peuvent être sur le bord
Des routes. Ou dans les fleurs.
Ou dans les eaux de la rivière.
Nous pensons les trouver.
Dans la voûte de nuages,
À la lumière du soleil
À la lumière de la lune
À la lumière des étincelles de résine
Et des feux de camp, devons-nous chercher
Les Signes Sacrés.
Nous marchons
Longtemps.
Avec acuité nous observons.
Maintes personnes nous dépassent.
Réellement, il nous semble qu'ils
Connaissent le commandement : trouver
Les Signes Sacrés. L'obscurité tombe.
Il est difficile de discerner
Le chemin. Indistincts les traces.
Où peuvent-ils être
Les Signes Sacrés ? Aujourd'hui peut-être
Nous ne les trouverons pas.
Mais demain il fera jour.
Je sais
Nous les verrons.
1915

AUX DERNIÈRES PORTES

On nous a dit "Impossible !"
Néanmoins nous sommes entrés,
Nous avons approché les portes.
Partout nous avons entendu "Impossible !"
Nous voulions voir les signes.
On nous a dit "Impossible !"
Nous voulions allumer la lumière
On nous a dit "Impossible !"
 

Mornes gardes qui voyez et connaissez,
Vous êtes dans l'erreur.
Le Maître a permis de connaître,
Le Maître a permis de voir,
Aucun doute, Il souhaite
Que nous connaissions, que nous voyions.
 

Derrière les portes se tient un messager.
Il nous apporte quelque chose.
"Laissez-nous entrer, gardes !"
"Impossible !" nous a-t-il été dit.
Et les portes sont restées fermées.
Malgré tout, nombreuses furent les portes
Que nous passâmes. Nous nous frayâmes un chemin
Et "Possible" resta derrière nous.
Les gardes aux portes nous arrêtèrent.
Ils supplièrent. Ils menacèrent.
Ils nous mirent en garde. "Impossible !"
Nous avons exploré de tout côté. "Impossible !"
Tout est impossible ? Tout impossible ?
Impossible à tous ?
Et seulement derrière nous "Possible ?"
Mais aux dernières portes
Il sera inscrit "Possible !"
Et derrière nous "Impossible "
"Ainsi inscrivez !" commanda-t-Il
Sur les Dernières Portes.
1916

LE MENDIANT

À minuit notre Roi est arrivé.
Il s'est retiré dans sa chambre, dit-on.
Au matin le Roi s'est mêlé à la foule
Et nous ne le savions même pas.
Nous n'avons pas réussi à le voir.
Nous devions apprendre ses
Commandements.
Mais peu importe; dans la foule nous approcherons
Et Le touchant, nous dirons et demanderons :
"Quelle multitude ! Comme sont innombrables les rues !
Que de routes et de traces ! Voyez,
Il pourrait aller loin.
Et retournera-t-il encore dans sa chambre ?"
 

Partout des traces de pas sur le sable
Pourtant nous arriverons à les distinguer.
Un enfant a passé. Ici une femme avec un fardeau.
Ici, aucun doute, un boiteux. Il s'est prosterné.
Est-il possible que nous n'arrivions pas à distinguer ?
Le roi, toujours, a sa cour.
Nous distinguerons les empreintes de ceux qui se prosternent.
Ici le pas tranchant d'un guerrier.
Aucune ressemblance ! Plus vaste
Est la cour du Roi
Et plus calme le maintien.
Bien orientées seront les marques de la cour.
D'où sont venus tant de gens ?
Comme s'ils s'étaient entendus pour croiser notre chemin.
Mais il faut se hâter.
Je vois une empreinte majestueuse, accompagnée par
Une cour paisible et mesurée.
Pas de doute,
C'est notre Roi. Nous devons allonger le pas pour nous
renseigner.
Nous avons joué des coudes pour passer devant.
Nous nous sommes pressés.
Mais, avec la cour, majestueusement marchait
Un mendiant aveugle.
1916

TRACES

Nous atteindrons le Roi dans la forêt -
Nul ne nous en empêchera.
Là nous Lui demanderons.
Mais toujours le Roi marche seul
Et la forêt regorge de traces.
On ne sait pas qui a passé par ici.
Les habitants de la nuit sont passés.
En silence ils ont glissé et s'en sont allés.
Le jour, la forêt est désertée.
Silencieux les oiseaux. Silencieux le vent.
Loin notre Roi est allé.
Muets sont les chemins et
Les traces.

PUIS-JE LES CROIRE ?

Pouvons-nous croire ? -
Finalement nous avons appris
Où le Roi est allé :
A la vieille place carrée aux trois tours.
Là Il enseignera.
Là Il donnera Ses commandements.
Il parlera une fois. Le Roi
N'a
jamais parlé deux fois.
 

Nous nous précipiterons vers la place
Nous passerons par une ruelle
Évitant ainsi les foules pressées.
Nous parviendrons à la base de la
Tour du vent. Ce chemin est inconnu
A la plupart.
Partout il y a du monde.
Tous les raccourcis sont envahis par la foule.
Autour des portes d'accès les gens se bousculent
Et, là, déjà Il parle.
Nous n'irons pas plus loin.
Qui est arrivé le premier
Personne
ne sait.
Par moments, on aperçoit vaguement la tour.
Parfois il semble que la Parole Royale [le Mot]
Résonne. Mais non.
On ne peut entendre les paroles du Roi.
Les gens se les transmettent,
De l'un à l'autre.
Une femme - à un guerrier.
Un guerrier - à un grand seigneur.
Un cordonnier, mon voisin, -
A moi.
Les entend-il correctement
Du marchand
Debout sur le perron ?
Puis-je les croire ?

DEMAIN ?

Je connaissais tant de choses utiles
Et maintenant je les ai toutes oubliées.
Comme un voyageur dépouillé
Comme un mendiant qui a perdu ses biens.
En vain je me souviens des richesses
Qui depuis longtemps étaient miennes;
Je m'en souviens à l'improviste,
Sans y penser,
Sans savoir quand cette connaissance perdue
Ressurgira.
 

Hier encore je connaissais beaucoup de choses
Mais pendant la nuit tout s'est obscurci.
En vérité, le jour avait été long.
Longue et sombre fut la nuit.
Puis vint le matin parfumé,
Frais et merveilleux,
Illuminé par ce nouveau soleil.
J'oubliai et fut privé de ce
Que j'avais accumulé.
Sous les rayons du nouveau soleil
Toute la connaissance a fondu.
A présent, je ne distingue plus
L'ennemi de l'ami.
Je ne sais plus quand le danger
Menace. Je ne sais plus quand
Viendra la nuit. Et le nouveau soleil
Je ne pourrai pas le regarder en face.
Tout cela je le savais auparavant,
Mais maintenant je suis orphelin.
 

Dommage que je ne puisse reconnaître
L'indispensable avant demain.
Mais aujourd'hui est encore long
Quand viendra donc -
Demain ?

LE TEMPS

Dans la foule, il nous est difficile de marcher.
Tant de forces et d'envies hostiles.
De sombres créatures se sont abattues
Sur les épaules et les visages des passants.
Nous irons à l'écart; là
Sur la colline où se dresse la colonne
Antique - nous nous assiérons.
Ils passeront à côté.
Toute cette engeance s'arrêtera en bas
Et nous attendrons.
 

Et si surgit le message
Des signes sacrés.
Il faudra aussi nous hâter.
S'ils se précipitent
Nous nous lèverons
et leur rendrons hommage.
Nous aiguiserons notre regard, notre écoute,
Nous tendrons notre force, notre volonté,
Alors nous descendrons
Quand viendra
Le Temps

DANS LA FOULE

Mon habit est prêt. A présent
Je mets le masque.
Ne t'étonne pas, mon ami, si le masque
Fait peur. Ce n'est qu'un
Masque. Nous devons
Quitter notre maison. Qui
Allons-nous rencontrer ? Nous ne savons pas.
Pourquoi nous montrer ?
Face aux assaillants nous
Nous défendrons avec le bouclier.
 

Le masque te dérange ?
Il ne me ressemble pas ?
Sous le sourcil on ne voit pas
L'éclat de l'oeil ? Le front est
Creusé de sillons ?
Mais très vite nous enlèverons
Le masque. Et nous nous sourirons.
Maintenant nous allons entrer
Dans la foule.
1918

EN VAIN

Invisibles sont les Signes Sacrés.
Laisse reposer tes yeux.
Ils sont fatigués, je sais. Ferme-les.
Je regarderai pour toi. Je te dirai
Ce que je vois. Ecoute !
A l'entour s'étend la même plaine.
Les buissons pâles frémissent.
Les lacs scintillent comme de l'acier.
Indifférentes, les pierres restent muettes.
Glacées dans la prairie elles étincellent et
Frissonnent. Froids sont les nuages
Qui se replient en un sillon. Ils passent.
Ils savent, ils se taisent,
Dans l'immensité ils gardent.
Je ne vois pas d'oiseaux.
Le cerf ne court pas dans la plaine.
Comme avant, il n'y a personne.
Personne ne vient. Pas un
Signe. Pas un voyageur.
Je ne comprends pas. Je ne vois pas.
Je ne sais pas.
Tu fatiguerais tes yeux
En vain.
1918

DANS LA DANSE

Redoute le calme lorsqu'il se mettra
En mouvement, les vents épars
Lorsqu'ils tourneront à la tempête. La parole
Lorsqu'elle s'encombrera de mots absurdes.
Tremble lorsque dans la terre, comme un trésor,
Les gens enfouiront leurs richesses.
Redoute, lorsqu'ils ne croiront
Leurs biens en sûreté que
Sur eux. Redoute lorsque, tout à coté,
Les foules s'assemblent. Lorsqu'elles ne cherchent plus
A comprendre, et allègrement détruisent
Ce qui était acquis.
Et aisément mettent à exécution leurs menaces.
Lorsque votre connaissance ne sera pas transcrite.
Lorsque les écrits deviendront fragiles,
Et les mots pernicieux, Ah mes voisins !
Vous vous êtes leurrés.
Vous avez tout ruiné. Il n'y a pas de mystère
Au-delà du présent. Et avec le fardeau du malheur
Vous êtes allés errants conquérir
Le monde. Dans votre folie vous avez appelé
La femme la plus hideuse "désirée" !
Petits malins qui dansez
Vous êtes prêts à vous perdre
Dans la danse.
1916

JE M'ÉLEVERAI

Une fois encore mon appel retentira.
Où êtes-vous allés loin de moi ?
A nouveau je ne vous entends plus
Vos voix se sont éteintes
Sur les rochers. Je ne distingue plus
Votre voix
De la branche qui craque -
D'un oiseau qui s'envole. Mes appels
Se sont perdus.
Je ne sais si vous voulez continuer
Mais je désire toujours ardemment
Atteindre le sommet. Les pierres
Déjà sont nues. Les mousses se font
Plus rares, et le genévrier a séché.
Vos cordes me seraient d'un grand secours;
Mais, même seul,
Je m'élèverai.
1917

TU VERRAS

Qu'est-ce qui me chauffe le visage ?
Le soleil brille. Notre jardin s'emplit de chaleur.
 

Qu'est-ce qui bruisse là-bas ?
C'est la mer. Bien qu'on ne la voit même pas
Derrière la roche.
 

D'où vient ce parfum d'amandes ?
Le merisier s'est épanoui.
Les arbres ne sont plus que fleurs blanches.
Les pommiers aussi sont en fleurs.
Toutes les couleurs resplendissent.
 

Qu'y a-t-il devant nous ?
 

Tu es sur une butte.
Là-devant s'étend le jardin en pente
Derrière la prairie, le bleu de la mer,
De l'autre côté des collines et
Des forêts, la tache sombre des montagnes
de pins. Les contours s'estompent
Dans le bleu lointain.
 

Quand verrai-je tout celà ?
Demain
Tu verras.
1917

LE GARDIEN DU SEUIL

"Gardien, dis-moi pourquoi
Fermes-tu cette porte ?
Que gardes-tu inlassablement ?"
"Je garde
Le secret de la quiétude"
"Mais la quiétude est vide.
Des gens dignes de confiance
L'ont dit : 'Il n'y a rien'."
"Je connais le secret de la quiétude
Et j'ai pour mission de le garder"
"Mais la quiétude est vide !"
"Pour toi, elle est vide !" répondit le gardien du seuil.

LA CLÉ DES PORTES

"Un enchanteur, je serai aujourd'hui
Et je transmuerai l'échec en succès"
 

Les silencieux se mirent à parler
Ceux qui allaient partir revinrent.
Les hostiles se mirent à hésiter
Les menaçants s'adoucirent
Se posant comme des colombes, des pensées
Furent reçues pour gouverner le monde.
Les paroles les plus pacifiques soulevèrent
Une tempête. Et tu marchais comme l'ombre de
Ce qui devait arriver.
Et tu deviendras un enfant
Pour que la honte ne te gêne pas.
 

Tu t'asseyais aux carrefours
Accessible à tout chenapan.
Tu demandais qui voulait
Te défier ? ... Est-ce étonnant ? ...
Un bon chasseur trouvera
Une proie digne. Il la trouvera sans peur.
 

Mais atteignant mon but,
En partant, je sais que je ne vous ai pas
Tous vus. Les meilleures
Rencontres sont restées sans
Lendemain. Et bien des braves
Sont passés à côté ou
Ne sont pas encore arrivés. Mais je ne les connaissais pas.
Déguisé, je m'asseyais parmi vous.
Et vous vous enveloppiez
Dans différents vêtements. Silencieusement
Vous gardiez les clés rouillées
des portes.
1917

À LUI

Finalement, j'ai trouvé l'ermite.
Tu sais comme il est difficile
De trouver, ici sur terre, un ermite.
Je lui demandai s'il me montrerait
Le sentier et s'il accepterait
Gracieusement mes œuvres ?
 
Il me fixa longuement et me demanda
De toutes mes possessions
Ce que j'aimais le plus.
 

"Ce que j'aime le plus ?" répondis-je
"La Beauté".
 

"Ce que tu aimes le plus,
Tu dois l'abandonner"
 

"Qui l'ordonne ?" demandai-je
 

"Dieu" répondit l'ermite.
 

"Que Dieu me punisse
Je n'abandonnerai pas la Beauté
Qui nous conduira
A Lui"
1920

NOTRE CHEMIN

Voyageurs, nous suivons à présent
Une route de campagne. Les fermes
Succèdent aux champs et aux bois.
Des enfants gardent les troupeaux.
Ils s'approchent de nous.
Un garçon nous donne des airelles
Dans une corbeille tressée.
Une fillette nous tend une poignée
D'herbes odorantes. Un petit gars
Nous abandonne sa canne sculptée.
Il pense qu'ainsi
Nous marcherons d'un pas plus léger.
 

Nous continuons.
Jamais plus nous ne rencontrerons
Ces enfants.
Frères, nous nous sommes à peine éloignés
Des fermes,
Que déjà les cadeaux vous ennuient.
Vous avez éparpillé les herbes odorantes.
Vous avez cassé la jolie corbeille
Vous avez jeté dans le fossé la petite canne
Offerte par le jeune garçon. A quoi nous
Servirait-elle ? Sur notre long chemin.
 

Les enfants n'avaient rien d'autre.
Ils nous ont donné ce qu'ils avaient
De mieux pour adoucir
Notre chemin.
1917

JE NE L'OUVRIRAI PAS

Ô mon ami, cesse de sourire.
Tu ne sais pas ce que
J'ai caché ici.
J'ai rempli ce coffre
Sans toi. Sans toi,
je l'ai recouvert d'une toile
Et j'ai tourné la clef dans la serrure.
Tu ne pourras obtenir de réponse
De personne d'autre.
Parle, si tu veux,
Mais tu mentirais.
Invente, falsifie, à ton gré.
Le coffre, à présent
Je ne l'ouvrirai pas
1917