LUEURS : LE MESSAGER

GOUTTES

Ta grâce emplit
Mes mains. En abondance elle coule
Entre mes doigts. Je ne peux
Tout retenir. Je n'arrive pas à distinguer
Le flot étincelant de la richesse. Ton
Onde bienveillante, à travers mes mains, s'écoule
À terre. Je ne vois pas qui recueillera
Le précieux fluide. Ces embruns,
Sur qui tomberont-ils ? Je n'aurai pas le temps
D'arriver à la maison. De toute la grâce,
Dans mes mains fermement serrées,
Je n'emporterai que des
Gouttes.
1920

C'EST L'HEURE

Lève-toi, ô mon ami. Le message a été reçu.
Fini, ton repos.
Je viens d'apprendre où l'on garde
L'un des Signes Sacrés.
Pense à la joie si
Nous pouvons trouver l'un des signes.
Avant le lever du soleil, nous devrons partir.
Dans la nuit, nous devons tout préparer.
Regarde le ciel de la nuit ...
Il est plus beau que jamais auparavant;
Je ne me souviens
D'aucun ciel semblable.
Rien qu'hier
Cassiopée était triste et embrumée.
Aldébaran clignotait terriblement
Et Vénus ne se montrait pas.
A présent, elles scintillent toutes.
Orion et Arcturus resplendissent.
Loin derrière Altaïr
De nouveaux signes étoilés
Brillent et l'éclat
Des constellations est clair et transparent.
Ne vois-tu pas
Le chemin vers ce
Que, demain, nous trouverons ?
Les masses stellaires sont éveillées.
Saisis ta chance.
Nous n'aurons pas besoin d'armure.
Attache bien tes chaussures,
Serre bien ta ceinture,
Notre chemin sera pierreux.
L'Est s'embrase.
Pour nous,
C'est l'heure.
1916

TOI QUI ENTRAÎNES

Toi, qui viens dans le calme de la nuit
On dit que tu es invisible
Mais ce n'est pas vrai.
Je connais des centaines de gens
Et chacun T'a vu,
Ne serait-ce qu'une fois.
Quelques pauvres ignorants
N'ont pas réussi à voir Ton image,
Changeante, aux multiples facettes.
Tu ne veux pas perturber notre vie.
Tu ne veux pas nous terrifier
Et Tu passes dans le calme et le silence.
Tes yeux peuvent foudroyer
Ta voix peut tonner
Et Ta main se faire lourde
Même pour la pierre noire.
Mais Tu ne foudroies pas
Tu ne tonnes pas.
Tu n'apportes pas la désolation. Tu sais
Que la destruction s'estompe devant la paix.
Tu sais, que le silence crie plus fort que le tonnerre.
Tu sais, dans le calme, Toi qui viens
Toi qui entraînes.
1916

AU MATIN

Je ne sais pas, Je ne peux pas.
Quand je veux, je pense --
Quelqu'un veut-il plus fort ?
Quand j'apprends --
Quelqu'un ne
sait-il pas encore mieux ?
Quand je peux --
Quelqu'un ne peut-il pas
Mieux, plus à fond ?
Et voilà, je ne sais pas, je ne peux pas.
Toi, qui viens dans le calme,
Dis en silence ce que je voulais dans la vie
Et ce que j'ai accompli.
Pose Ta main sur moi --
À nouveau, je pourrai, je voudrai,
Et ce que j'aurai voulu la nuit
Me reviendra
Au matin.
1916

LA GRÂCE

Accepte mon offrande, cher ami !
Je l'ai accumulée à force de travail
Et de science. Pour la donner,
Je l'ai fabriquée. Je savais
Que je l'offrirai. À mon offrande, tu ajouteras
Les joies de l'esprit, le silence et la paix.
À l'heure où ton esprit s'élèvera, porte tes regards
Sur mon offrande.
Et si tu veux ordonner à ton serviteur
D'apporter l'offrande, nomme-la
la Grâce.
1918

OUVRE

Sur tes étagères le long du mur
Il y avait de nombreuses fioles.
De toutes les couleurs. Toutes fermées avec soin. Certaines
Étaient emballées serré pour que la lumière ne passe pas.
Je ne sais ce qu'elles contiennent.
Mais tu les gardes farouchement.
Quand tu restes seul la nuit,
Tu allumes et inventes
Une nouvelle formule.
Tu sais à quoi servent ces potions.
J'ai besoin de ton aide.
Je crois en tes potions.
Ouvre celle qui peut m'être utile,
Ouvre
1910

J'AI LAISSÉ

Je suis prêt à prendre la route
J'ai laissé tout ce qui m'a appartenu.
Vous le prendrez, mes amis
Maintenant je vais une dernière fois
Faire le tour de ma maison. Pour la dernière fois
Je regarderai mes affaires. Je jetterai
Un dernier regard sur les portraits de mes amis.
Pour la dernière fois. Je sais déjà
Qu'il ne reste plus rien à moi ici;
Mes affaires, tout ce qui me gênait,
Je le donne de bon cœur. Sans elles,
Je me sentirai plus libre. Je me tournerai
Vers Celui qui m'appelle, une fois libéré.
Maintenant je vais une fois encore
Traverser la maison. Je regarderai une fois encore
Ce dont je me suis libéré.
Je suis libre et affranchi
Et ferme dans ma décision. Les portraits de mes amis,
La vue de mes anciennes affaires ne m'ébranle pas.
J'avance. Je me hâte.
Mais, une fois, une fois encore,
Une dernière fois, je ferai le tour de tout ce que
J'ai laissé.
1918

LUMIÈRE

Comment verrons-nous Ton visage ?
Ce visage omniprésent,
Plus profond que les sentiments et l'esprit.
Impalpable, inaudible,
Invisible. J'en appelle
Au cœur, à la sagesse et au labeur.
Qui a reconnu ce qui ne connaît
Ni forme, ni son, ni goût,
Qui n'a ni début ni fin ?
Dans la pénombre, quand tout s'arrêtera
Tout, la soif du désert et le sel
De l'océan ! J'attendrai Ta clarté.
Devant Ton visage
Le soleil ne brille pas. Ne brille
La lune. Ni les étoiles, ni la flamme,
Ni l'éclair. L'arc-en-ciel ne resplendit pas
Ni l'aurore boréale.
Là où brille Ton Visage
Tout brille de ta lumière.
Dans la pénombre étincellent
Les parcelles de Ta clarté
Et dans les yeux clos
Luit ta merveilleuse
Lumière.
1918

COMMENT S'ÉLANCER ?

Magnifiques oiseaux de Soma (1)
Vous n'aimez pas la terre. Jamais
Vous ne descendrez
Sur terre. Vos poussins
Naissent dans les nids
De nuages. Vous êtes plus près du soleil.
Pensons à lui qui étincelle.
Mais les dévas terrestres font des miracles.
Sur les sommets des montagnes et au fond
Des mers, cherche-les patiemment. Tu
Trouveras la bonne pierre
De l'amour. En son cœur
Cherche Vrindavan (2), le séjour
De l'amour. Cherche patiemment
ET tu trouveras. Et que pénètre
En nous le rayon de la sagesse. Alors
Tout ce qui se meut s'affermira,
L'ombre deviendra corps.
L'esprit de l'air se tournera
Vers les terres. Le rêve
Deviendra pensée. Nous ne serons pas
Emportés par la tempête. Nous retiendrons
Les chevaux ailés du matin.
Nous dirigerons les élans des vents
Du soir. Ta Parole est un océan
De vérité. Qui dirige
Notre vaisseau vers le rivage ?
Que la Maya ne vous épouvante. Sa
Force extraordinaire et son pouvoir,
Nous les surmonterons. Écoutez !
Écoutez ! Vous avez fini
Vos discussions et vos disputes ? Adieu
Araniani (3), adieu l'argent
Et l'or du ciel ! Adieu,
Chênaie paisible !
Quelle chanson t'écrire ?
Comment s'élancer ?
1916
 
Notes :Soma : divinité du ciel

TON SOURIRE

Sur le quai, nous nous sommes embrassés, avons fait nos adieux
La nef (1) a disparu dans les vagues dorées
Nous, nous sommes sur l'île. La vieille maison est à nous.
La clé du sanctuaire, c'est nous qui l'avons. La grotte
Est à nous.
À nous, les greniers, les réserves et les mouettes.
À nous, les mousses. À nous, les étoiles au-dessus de nous.
Nous ferons le tour de notre île. Nous ne rentrerons
Qu'au soir au bercail. Demain
Mes frères, nous nous lèverons tôt.
Si tôt que le soleil ne sera pas
Illuminé de sa grande clarté.
Que la terre s'éveillera à peine.
Les hommes dormiront encore.
Libérés, loin de leurs soucis,
Nous serons conscients de nous-mêmes.
C'est comme si nous avions cessé
D'être des hommes. Nous nous approcherons de la limite
Et nous regarderons. Dans le silence et sans un mot.
Et celui qui se tait nous répondra.
Matin, dis ce que tu as laissé partir
Dans la pénombre et ce qu'accueille de nouveau
Ton sourire.
1916

Note Ladia : vaisseau russe ancien ressemblant à un drakkar
on en voit dans les tableaux de Roërich

SANS AVOIR COMPRIS

Je ne sais pas quand ta parole est forte.
Parfois tu deviens ordinaire.
Et tu restes tapi parmi
Les benêts qui en savent
Si peu. Parfois tu parles et on croirait
Que tu ne te désoles point de ne pas être compris.
Parfois tu regardes celui qui ne sait pas
Avec tant de tendresse que j'envie
Son ignorance. Comme si tu ne te souciais pas
De montrer ton visage. Et quand
Tu écoutes les paroles de la veille
Tu baisses même les yeux, comme pour
Chercher les mots les plus simples.
Qu'il est difficile de deviner toutes tes
Intentions. Qu'il est malaisé de te suivre.
Hier, par exemple, quand tu
Parlais aux ours, il m'a
Semblé qu'ils sont partis
Sans avoir compris.
1920

JE PRÉSERVERAI

Viens, viens plus près de moi, Etre radieux,
En rien, je ne t'effrayerai.
Hier tu voulais m'approcher,
Mais mes pensées erraient et mon regard
Fuyait. Je ne pouvais
Te voir. Alors que tu étais déjà parti,
J'ai ressenti ton souffle,
Mais c'était déjà trop tard. Aujourd'hui
J'abandonnerai tout ce qui me gênait.
J'immergerai mes pensées dans le calme.
Plein de joie de l'esprit, je pardonnerai à tous ceux
Qui m'ont tracassé aujourd'hui. Calme,
Je resterai calme. Rien ne me gêne.
Les sons de la vie fortuite ne me
Dérangent pas. J'attends. Je sais que tu
Ne m'abandonneras pas. Tu viendras
À moi. Ton image en silence
Je préserverai.
1917

ET L'AMOUR

Et l'amitié, qu'en est-il advenu ?
Alors que j'ai été admis
Dans le séjour aux cent portes !
Si ton ami, jadis
Aimé de toi, t'a courroucé,
Ne le punis pas, ô Puissant,
Pour ses fautes. Tout le monde affirme
Que tu t'es détourné. En est-ce bien ainsi ?
Quand mon cœur rassuré
Te verra-t-il réconcilié ? Accepté !
Tu connais la source de mes paroles.
Voici mes péchés et mon bien !
Je te les apporte en offrande.
Prends-les tous.
Voici ma science et mon ignorance !
Prends-les toutes.
Laisse-moi la fidélité que je te porte !
Voici la pureté et la souillure !
Je ne veux ni l'une ni l'autre !
Voici les bonnes et les mauvaises intentions.
Je t'apporte les unes et les autres.
Les rêves qui induisent en état de péché
Et les songes de vérité, je te les donne.
Fais en sorte qu'il me reste
La fidélité que je te porte
Et l'amour.

INSONDABLE

Toi, le Puissant, présent en tout lieu et en tout.
Tu nous éveilles à la lumière,
À la nuit, Tu nous glisses dans le sommeil,
Tu nous guides dans notre errance.
 
Aller à l'aventure nous plaisait.
Trois jours, nous errâmes.
Nous avions du feu, des provisions et des vêtements.
Autour de nous maints oiseaux et cerfs sauvages.
Quoi de plus ? Au-dessus de nous les couchers de soleil,
Les levers, le vent parfumé, chargé d'effluves.
D'abord nous traversâmes une large vallée.
Verts étaient les champs et bleus les lointains.
Puis des forêts et des marécages moussus.
La bruyère fleurissait.
Des mousses rouillées nous nous détournâmes.
Nous évitâmes des gouffres insondables. Nous nous basions
Sur le soleil. Il se voile.
Nous écoutons le vent. Sur le versant humide,
Les rafales nous assaillaient. Le vent se calma.
La forêt s'éclaircit. Nous suivîmes
Une crête rocheuse. Comme des os blanchis
Résistaient les genévriers. Sous la
Lumière, des masses de rochers veinés se pressaient
En un lent travail de création.
Elles descendaient et se jetaient en
Cascades. Au-delà de la crête rocheuse,
On n'y voyait rien. La nuit tombait.
 
Sur les marches du temple gigantesque,
Nous devions descendre. Des nuages. Tout
S'assombrit. En-dessous la brume
S'étendait. Les pas de la descente
Se faisaient de plus en plus abrupts.
Avec difficulté, nous glissons
Sur la mousse. Plus bas, le pied ne peut
Rien toucher. Ici, nous devons
Passer la nuit. Sur le parapet moussu
Nous dormirons jusqu'au matin. Une longue
Nuit paisible.

 En nous éveillant, nous n'entendîmes
Que le sifflement confus de vols.
Régulièrement résonnait une lointaine plainte.
L'Est s'illumina.
Les nuées couvraient la vallée.
Aiguës comme de la glace,
En masse bleues, elles se dressaient
Serrées. Pendant longtemps, nous demeurâmes assis
Hors du monde. Jusqu'à ce que
Le brouillard se disperse.
Au-dessus de nous s'élevait la paroi.
En-dessous bleuissait un abîme
Insondable.
1918

AMOUR ?

Quelle journée ! Tant de gens à la fois
Vinrent vers nous.
Ils amenèrent avec eux
Des inconnus. Avant leur venue,
Je ne pus poser de questions à leur sujet.
Étonnants, ils parlaient
Des langues inconnues.
Et je souriais, écoutant
Leurs mots étranges.
La langue de certains
Ressemblait au cri des aigles
Des montagnes. D'autres sifflaient
Comme des serpents. L'aboiement des chiens
J'ai parfois reconnu.
Comme du métal étincelaient leurs paroles. Les mots
Devenaient menaçants. À travers eux
Tonnaient les pierres des montagnes
À travers eux, tombait la grêle
À travers eux chantait la cascade.
Et je souriais. Comment pourrai-je
Connaître le sens de leurs paroles ? Eux,
Dans leur propre langage, peut-être,
Répétaient le mot qui nous est si cher :
Amour.
1920

TU NE T'ES PAS ÉLOIGNÉ

Tu m'as laissé le travail commencé.
Tu as voulu que je le poursuive.
Je sens ta confiance en moi.
J'y mettrai toute mon attention
Et tout mon sérieux. Car Toi-même
Tu faisais ce travail. Je m'assiérai
À ta table. Je prendrai ta plume.
Je disposerai tes affaires comme
Avant. Puissent-elles m'aider !
Mais tu ne m'as pas dit grand-chose
Quand tu es parti. Sous les fenêtres résonnent
Le vacarme et les cris des marchands.
Le lourd pas des chevaux sur
Les pavés. Et le fracas des roues
Brinquebalantes. Le sifflement du vent
Sous le toit. Le grincement des filets
Sur les quais. Et des ancres
Le choc lourd. Et les cris
Des oiseaux marins. Je n'ai pas pu te demander :
Tout cela te gênait-il ?
Ou bien puisais-tu ton inspiration
Dans la vie. Pour autant que je sache,
Dans toutes tes décisions, de la terre
Tu ne t'es pas éloigné.
1919

JE REMARQUE

Un étranger est venu s'établir
Près de notre jardin. Chaque matin
Il joue de la harpe (1)
Et chante sa chanson. Nous pensons
Parfois qu'il répète
Sa chanson; mais le chant de l'inconnu
Est toujours nouveau. Et toujours des gens
S'attroupent près de sa porte.
 
Du temps a passé ... Maintenant notre frère
S'est mis à travailler et notre sœur
S'est fiancée. Mais l'inconnu
Continue de chanter.
Nous allâmes l'inviter
À chanter aux fiançailles de notre sœur.
Là-dessus, nous lui demandâmes
Où il prenait les mots nouveaux
Et comment, depuis si longtemps,
Sa chanson était toujours nouvelle.
Il fut étonné, nous sembla-t-il, et
Lissant sa barbe blanche, il dit :
"Il me semble que c'est hier seulement
Que je suis venu m'établir près de vous. Je n'ai pas encore
Eu le temps de décrire ce qu'autour de moi
Je remarque
1919
 
Note : gousli : sorte de harpe dont on pince les cordes

UNE PERLE

De nouveau, un messager. De nouveau un ordre
De Toi ! Et un cadeau de Ta part !
Seigneur, Tu m'as envoyé
Ta perle fine et m'a ordonné
De l'inclure à mon collier.
Mais tu le sais, Seigneur,
Mon collier est factice.
Il est long – comme
Seules les choses irréelles
Peuvent l'être. Ton étincelant
Cadeau parmi les ternes babioles
Se perdra. Mais Tu as commandé.
J'obéirai.
 
O vous badauds,
À mon collier,
donné par le Seigneur,
se trouve
Une perle !
1920

POUR NOUS ?

Dans la vie, il y a tant de prodiges !
Chaque matin, près de notre rive,
Navigue un chanteur inconnu.
Chaque matin, doucement derrière la brume
Passe une légère embarcation.
Et un nouveau chant toujours résonne.
Et, comme toujours, le chanteur
Se cache derrière le promontoire suivant.
Il nous semble que nous pourrons jamais
Savoir qui est
Ce chanteur, ni vers quoi il va
Chaque matin. Et pour qui
Chante-t-il son chant toujours nouveau?
Oh, quel espoir emplit
Le cœur et pour qui chante-t-il ?
Peut-être,
Pour nous ?
1920

RÉJOUIS-TOI

Derrière ma fenêtre, le soleil à nouveau
Brille. D'arc-en-ciel sont vêtus
Les petits brins d'herbe.
Sur les parois se déploient
Les brillantes bannières de lumière. De joie
Frémit l'air vigilant.
Pourquoi n'es-tu pas tranquille, ô mon esprit ?
Es-tu effrayé par ce que tu ne comprends pas ?
Pour toi, le soleil s'est couvert d'obscurité. Et la danse
Des joyeux brins d'herbe a cessé.
 
Mais hier, tu en savais si peu,
Ô mon esprit. Juste autant
Que ton ignorance. À cause de la tempête
Tout était si pauvre que tu
Te croyais riche. Et le soleil
A brillé pour toi aujourd'hui. Pour toi
Les bannières de lumière se sont déployées.
Les brins d'herbe t'ont apporté la joie.
Tu es riche, ô mon esprit. La connaissance
Vient à toi. L'étendard de lumière
Brille au-dessus de toi.
Réjouis-toi !
1918

PAR LE SOURIRE ?

Messager, mon messager !
Tu es là et tu souris.
Et tu ne sais pas ce que tu m'as transmis
Tu m'as apporté le don
De guérir. Chacune de mes larmes
Guérira les plaies du monde.
Mais, Seigneur, où puiserai-je
Tant de larmes et à quelle plaie du monde
Accorder le premier torrent ?
Messager, mon messager, tu te tiens là
Et tu souris. Me donnerais-tu
L'ordre de guérir les malheurs
Par le sourire ?
1921